Faute de dialogue: Majorité et Opposition dans la rue !

Publié le par cité africaine

C’est ce vendredi 1er janvier, sous le coup de 0h00’, que débute officiellement l’An de grâce 2016 sur cette terre des hommes. En RDC, cette année revêtira une connotation particulière du fait qu’elle va marquer la fin d’une législature qui a commencé en 2011, et le début d’une nouvelle, en passant par la case élections.

Au Congo Kinshasa comme tout le monde le sait, l’année électorale est souvent une période où les politiciens congolais profitent de l’occasion pour apparaître sous leur plus mauvais jour et laissent libre cours à leurs instincts les plus primaires, l’objectif étant de se tailler à tout prix une place au soleil pour les cinq prochaines années, en écrasant au passage tout adversaire réel ou supposé.

Pour y arriver, les uns versent dans le tribalisme et la xénophobie, d’autres font montre de prodigalité soudaine à coup d’argent souvent mal acquis, d’autres encore y vont à coups de promesses d’un avenir radieux sous leur leadership et de dénigrement systématique de l’adversaire. Les plus désespérés, ceux qui sentent qu’ils n’ont plus rien à perdre puisqu’assuré de leur échec, s’emploient eux, à mettre le feu à la case, pour qu’au final, tout le monde soit perdant. Ainsi va la classe politique nationale congolaise, depuis les premières échéances électorales démocratiques de 2006.

2015 : la répétition générale

Dans son adresse à la nation le 14 décembre dernier, le Président de la République avait rassuré le peuple congolais devant le Parlement réuni en Congrès, qu’en 2016, il n’y aura ni troubles, ni chaos, et avait une nouvelle fois appelé la classe politique et les forces vives du pays à un dialogue pour un processus électoral consensuel et apaisé. Il était évidemment dans son rôle de garant de la paix et de la stabilité nationales. Reste à savoir s’il a été entendu par les politiciens congolais, qui pour la plupart, ont les yeux rivés sur l’après-2016, et semblent devenus sourds à tout ce qui ne cadre pas avec leurs ambitions personnelles.

Pour les acteurs politiques congolais, 2015 était comme une année de répétition générale avant la mêlée politique générale de 2016. En janvier déjà, des leaders de l’opposition avaient organisé un exercice grandeur nature à Kinshasa, avec un essai d’insurrection populaire contre le Palais du peuple, qui avait causé des pertes en vies humaines et des pillages localisés, que ces acteurs politiques brandissent depuis lors comme un haut fait d’armes, tout en proférant la menace de faire pire en 2016, notamment le 19 janvier 2016, date anniversaire de ces incidents, et le 16 février 2016, date commémorative de la marche des chrétiens pour la démocratie sous l’ère Mobutu.

Plus tard dans l’année, l’opposition congolaise avait reçu des renforts inattendus avec l’arrivée dans ses rangs des leaders du G7, un agrégat des situationnistes avides de pouvoir et qui apparemment, ont parié sur une fin programmée de la majorité actuelle au pouvoir. Et après un atelier apparemment instructif de « renforcement des capacités de nuisance », à la mi-décembre sur l’île de Corée au Sénégal, tous ces acteurs politiques n’attendent plus que le moment de descendre dans l’arène pour découdre.

Du côté des acteurs politiques de la majorité par contre, depuis des mois, le discours est au dialogue inclusif, sensé baliser la voie à des élections apaisées. On y récuse aussi les procès d’intention faits par l’opposition sur une volonté avérée de glissement du calendrier électoral ou de prolongation de mandat de l’actuel Chef de l’Etat. Mais depuis quelques semaines, des voix commencent aussi à s’élever pour dire à ceux qui ne veulent pas d’un dialogue pré-électoral, que l’opposition est loin d’avoir le monopole de l’opinion et des marches de rue dites « pacifiques ».

Bien plus, que les morts du 19 janvier 2015 comme celles du 16 février 1992 appartiennent à la mémoire collective de tous les congolais, tant de l’opposition que de la majorité, et que des principes tels que la démocratie, les élections démocratiques ou la défense de la Constitution sont l’apanage des citoyens de tous bords politiques. C’est fort de toutes ces évidences, que la majorité au pouvoir, par le biais du Secrétaire Général Adjoint du PPRD, Emmanuel Ramazani Shabani, a annoncé samedi au terme d’une « marche de santé » à Maluku, que le 19 janvier et le 16 février 2016, les congolais de cette mouvance politique, seront aussi dans les rues de Kinshasa et d’ailleurs pour soutenir la démocratie, les élections et la paix en RDC.

Faute d’un consensus pour un dialogue politique national, opposition et majorité semblent au moins d’accord sur la défense de la démocratie et des élections. Dommage qu’elles divergent sur les moyens d’atteindre l’une et l’autre. Et dommage aussi pour l’endroit choisi par l’une et l’autre pour ce dialogue à distance : la rue et ses avatars parfois tragiques.

LOLO LUASU B.

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