56 ans de l’indépendance commémorés à Boma

Publié le par cité africaine

Le cinquante sixième anniversaire de l’indépendance de la république démocratique du Congo sanctionné à Boma par un culte d’action de grâce ce jeudi 30 juin 2016 en la cathédrale Notre Dame de l’Assomption pour une durée d’une heure, a permis la population de Boma représentée par des autorités politico administratives, militaire, les chefs d’entreprises, la société civile et autres couches des forces vives, de suivre le message de la parole de Dieu, lors de l’homélie de l’Evêque de Boma, Monseigneur Cyprien Mbuka di Nkuanga, principal officiant de cette messe d’action de grâce du 30 juin 2016,

Cher frères et sœurs, Nous sommes dans la joie et l’action de grâce de souffler les 56 bougies qui ornent le gâteau jubilaire de l’indépendance de notre pays. 56 ans : un âge adulte. Un âge de maturité. Un âge respectable. Un âge de bilan. A suivre ce qui se dit dans plusieurs milieux, une double attitude se dessine : pessimisme et optimisme. Les deux attitudes s’affrontent souvent sans merci. On assiste même à des rejets mutuels. Les uns accusant les autres d’entretenir le virus de la division.

Notre Dieu nous invite à l’espérance, parce qu’il est Promesse et Fidélité. L’évangile que nous venons d’entendre proclamer nous fait savoir que Jésus est venu porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur délivrance, annoncer aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés et proclamer une année de grâce du Seigneur. Ainsi la mission essentielle du Christ apparait comme une libération. Il est venu faire de nous des hommes et des femmes libres, capables de se libérer et de libérer les autres.

Chers frères et sœurs, Liberté, telle est la valeur maitresse rêvée par les pionniers de l’indépendance politique de notre pays, valeur pour laquelle ils se sont battus corps et âme. C’est cette réalité qu’ils ont inscrite fondamentalement dans notre Hymne national, « Debout congolais ». Oui, bien-aimés du Seigneur, dressons nos fronts longtemps courbés, et pour de bon, prenons le plus bel élan dans la paix ; par le labeur bâtissons un pays plus beau qu’avant dans la paix ; le Congo est un don béni de Dieu et, des aïeux, don à fructifier et à léguer jalousement à la postérité.

Voilà le rêve des Pères de l’indépendance, voilà ce que nous chantons à chaque rassemblement officiel et public. Mais, en ce jour du 56è anniversaire de notre Indépendance, quel spectacle offrons-nous au monde ? Rendons grâce au Seigneur pour tous les pas déjà franchis par notre pays dans le processus de la démocratisation bien qu’elle doive encore se consolider et se poursuivre. Nous saluons tous les efforts de pacification de notre pays et de reconstruction, notamment la maitrise de l’inflation, l’augmentation du taux de croissance, l’assainissement du climat des affaires. Il en est de même de l’amélioration des infrastructures, en particulier la construction des écoles, des routes et l’équipement des hôpitaux. Malheureusement, ces efforts restent fragiles et inconstants. Nous n’ignorons pas les répercussions, pour notre pays, de la crise actuelle due à la chute des cours des matières premières. Nous constatons sous de formes diverses une réduction de l’espace démocratique : une multiplication de violation des droits humains ; l’insécurité dans plusieurs villes et cités ; des massacres massifs récurrents dans la région Est du pays ; la dépréciation de la monnaie nationale face aux devises étrangères ; le réseau routier, l’accès aux besoins vitaux (eau, électricité, santé, éducation salaire) et la situation salariale du personnel de l’Etat évoluent péniblement (cf. Cenco, Messages divers) ; la justice fonctionne à double vitesse : selon que vous êtes puissant ou misérable, le jugement de la cour vous rendra blanc ou noir. La sagesse de nos ancêtres l’a bien dit : « au tribunal des poules les cancrelats n’ont aucune chance de gagner la cause ». Politiquement, le pays ne semble plus « chanter l’hymne national en chœur ». L’émiettement sournois et malsain des partis politiques n’est pas de nature à apaiser les esprits. Le dialogue proposé par le Chef de l’Etat est dans l’impasse. Les acteurs politiques congolais peinent à s’accorder. Le peuple se voit sacrifié sur l’autel des intérêts des politiciens (cf. Cenco, Messages divers). Et malheureusement, la societé civile, supposée neutraliser les méfaits des enjeux politiques, est elle-même inféodée, déchirée et gagnée au parfum politique, d’où fissures et craquements.

Chers frères et sœurs, La page du livre du prophète Jonas que nous venons d’entendre, nous invite à la conversion ; convertissons-nous sinon nous périrons tous. A la parole du serviteur de Dieu, les gens de Ninive crurent en Dieu ; ils proclamèrent et s’habillèrent de sacs, depuis le grand jusqu’au plus petit. Dieu vit ce qu’ils faisaient et comment ils renonçaient à leur mauvaise conduite ; alors Dieu se repentit du mal qu’il avait prédit de leur faire, il ne le fit pas. Convertissons-nous sinon nous périrons tous. Faut-il jeuner et nous habiller des sacs ? Voici le jeune qui plait au Seigneur : détacher les chaines de l’injustice, renvoyer libre les opprimés ; partager son pain avec celui qui a faim ; accueillir chez soi les pauvre sans abri ; vêtir celui qui est nu ; éliminer le geste brutal et les paroles méchantes (cf. Is 58, 5-7). Dans sa deuxième lettre aux Thessaloniciens, seconde lecture, Saint Paul inculque à ses fideles trois valeurs : Le travail, la paix et le sens du bien commun. Ces trois valeurs stimulent la visée fondamentale de notre Hymne national : prenons le plus bel élan dans la paix ; par le labeur bâtissons un pays plus beau qu’avant dans la paix, Oui, par le labeur et la sueur du front et non pas par la corruption et la tricherie ; par le labeur et la sueur du front et non pas par des coups de téléphone qui ponctionnent et vident les caisses au détriment des masses laborieuses, non pas par des recommandations qui favorisent la pléthore d’un personnel incompétent ; par le labeur et la sueur du front et non pas par des déjeuners d’affaires et des commissions qui préparent des scenarios macabres et destructifs.

Bien Chers frères et sœurs, L’événement que nous célébrons aujourd’hui, 56 è anniversaire de notre indépendance, vécu à la lumière de la parole de Dieu que nous venons de méditer, nous invite à conjuguer principalement trois verbes. Tout d’abord, ayons le sens de la mémoire : nos pionniers nous ont laissé un sens élevé de vie de citoyen ; ils se sont situés dans la lignée de ces âmes nobles, qui savent donner leur vie pour le bonheur de leur frères et sœurs ; lignée de ces hommes doux et humbles de cœur qui héritent de la terre parce qu’ils sont en harmonie avec Dieu et avec leurs frères et sœurs. Avoir le sens de la mémoire, c’est puiser dans ces figures emblématiques la sagesse pour se comporter en authentique citoyen.

En suite, ayons le sens de l’altérité, c’est-à-dire voir en chaque homme et en chaque femme que l’on rencontre un frère et une sœur ; chacun de nous est appelé à être une navette de l’espoir, une force qui rassemble et unit, un foyer de tolérance, d’acceptation mutuelle, de respect mutuel, de solidarité, de concertation, de partenariat ouvert et inclusif au –delà de tout clivage.

Enfin, ayons le sens de la postérité, Léguons à nos enfants un avenir heureux. Ne nous approchons pas à notre histoire et ne la vidons pas de tout son jus sans penser à ceux et celles qui viennent après nous. Ne nous comportons pas comme ces personnes qui disent : « ma mère n’allaite plus, je m’en fous, car je n’en ai plus besoin ». Incitons nos jeunes à la pratique des vertus telles que : intégrité, sens de l’honneur, fidélité à la parole donnée, patriotisme intransigeant, courage intrépide, ardente ambition pour l’édification d’une nation fière, prospère et libre, hantise du peuple et du bien commun et volonté de rassembler autour d’un pacte de réconciliation au-delà de toutes sortes de diversités. Et vous-mêmes, chers jeunes, ne vous laissez pas instrumentaliser, ni manipuler par les acteurs politiques de quelque tendance que ce soit, et refusez toute forme de violence : évitez le sang et les casses.

Bien- aimés du Seigneur, Que dire encore ? Soyons vrais, soyons frères et sœurs les uns des autres et soucions-nous de nos enfants. Que Dieu bénisse notre pays et ceux et celles qui le gouvernent.

C’est au terme de cet imposant message de Dieu que l’Evêque de Boma a clôturé son homélie circonstancielle du 30 juin 2016 à l’occasion du 56 è anniversaire de l’accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale.

De son coté, à une question de la presse, Marie Josée Niongo, Maire de Boma, a demandé à la population de continuer à prier pour une communion forte entre la classe politique et le peuple et de suivre avec intérêt soutenu le défilé de Kindu à Maniema.

URBMNK

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