Le viseur: Qui représente quoi ?

Publié le par cité africaine

Comme annoncé, Edem Kodjo a, sans trembler, donné mardi, à l’hôtel Béatrice, le coup d’envoi des travaux du Comité préparatoire du Dialogue politique national inclusif, encouragé par une forte présence des ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques ainsi que des représentants des organismes internationaux accrédités à Kinshasa. Mais, dans les rangs de la classe politique congolaise, que d’absents aux starting-blocks du Dialogue ! Au nombre desquels, l’on note d’abord, bien sûr, la force la plus représentative de l’opposition congolaise, le Rassemblement, réuni autour d’Etienne Tshisekedi, avec en son sein l’UDPS, le G7, l’Alternance pour la République, la Dynamique de l’Opposition. Il y a aussi le MLC de Jean Pierre Bemba, la deuxième force de l’Opposition institutionnelle, qui, elle, se dit non concernée par un Dialogue politique qui ne servirait que de faire valoir à un glissement voulu du mandat présidentiel de l’actuel chef de l’Etat. Mais le plus surprenant, c’est le pied de nez inattendu que l’Opposition Républicaine de Léon Kengo wa Dondo vient de faire à Edem Kodjo en snobant le Comité préparatoire. Ce regroupement reconnaît bien avoir de tout temps milité pour la tenue de ce forum. Néanmoins, il se refuse d’y participer« tant que le caractère inclusif de ce dialogue voulu par l’ordonnance présidentielle qui le convoque ainsi que la Résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’Onu ne sera pas respecté ». Pour d’aucuns, Léon Kengo wa Dondo, vieux briscard de la politique congolaise, l’homme de la Troisième Voie, qui affectionne toujours de se tenir en embuscade pour jouer sa carte personnelle le moment venu, est en train justement de mettre en place une stratégie qui lui permettrait, au-delà du 20 décembre, d’être en situation d’assumer le rôle que lui assigne l’article 75 de la Constitution. Qu’à cela ne tienne, la posture prise par Kengo permet aussi de jouer une carte collective pour le compte de son regroupement, l’Opposition Républicaine, l’une n’excluant d’ailleurs pas l’autre, l’une étant susceptible de se mettre au service de l’autre. Il s’agirait donc de correctement positionner l’O.R face aux enjeux de l’heure. Parce que, disent les observateurs, au-delà du thème principal de la recherche d’un consensus pour un processus électoral apaisé et crédible, ce serait une insulte à l’intelligence politique de ne pas comprendre que le nœud axial du Dialogue, c’est la gestion de l’après 20 décembre 2016, date où, avec la fin du second et dernier mandat constitutionnel du chef de l’Etat actuel, le pays se réveillera avec à sa tête un président de la République en rupture de mandat électif.

Voilà pourquoi, dans les faits, l’ouverture du Comité préparatoire est déjà bien l’occasion d’inventorier et de cerner les forces en présence. C’est d’ores et déjà le moment de planter le décor dans la perspective des négociations incontournables qui se profilent à l’horizon pour gérer l’après-décembre. Alors, il faut, aux uns et aux autres, veiller à se faire identifier pour pouvoir compter, le moment venu. Comme au Dialogue inter Congolais de Sun City, l’on sait déjà qu’il y a trois Composantes majeures : la Majorité au pouvoir, avec Joseph Kabila comme patron, l’Opposition qu’incarne Etienne Tshisekedi, la Société civile dans sa diversité. Comme au DIC, il est question, pour les autres, de ne pas se laisser absorber, de ne pas être passés par pertes et profits, d’exister de manière autonome, pour pouvoir peser et avoir voix au chapitre, à l’image de ce que furent précisément les ‘’Entités’’ au sein du DIC. L’Histoire est un perpétuel recommencement, dit-on. Tel est sans doute le sens de la posture que prend aujourd’hui l’Opposition Républicaine de Kengo wa Donfo. Il s’agit pour elle, qui n’est plus dans l’opposition comme telle, au sens de la loi ad hoc, de montrer qu’elle n’est pas non plus soluble dans la Majorité, avec laquelle elle est au gouvernement. Il s’agit pour elle de se trouver un créneau, d’afficher son particularisme et son identité propre, de se démarquer, pour exister en tant que soi-même. C’est aussi le sens de la lutte de positionnement des regroupements comme le MLC, l’UNC et Alliés de Vital Kamerhe, le Front des Démocrates de JL Bussa, l’Opposition pro Dialogue des Ruberwa, Z’Ahidi, Mbikayi, Bitakwira…, dont la hantise est de se positionner comme des ‘’Entités’’ autonomes lorsque viendra le temps des négociations politiques proprement dites pour l’avenir du pays.

Pour autant, alors que se formate la recomposition, l’on risque d’avoir de grands perdants dans l’affaire. Notamment la Diaspora. Laquelle n’arrive toujours pas à se faire valoir comme regroupement autonome structuré, comme une ‘’Entité’’ qui a son mot à dire et avec laquelle il va falloir compter. Or, l’on sait combien cette Diaspora a réussi à empoisonner la vie à tous les officiels et autres musiciens qui se déplacent dans les grandes capitales européennes. Son apport est capital dans la marche de la vie sociale et économique de notre pays. Elle devrait logiquement pouvoir s’imposer en tant qu’Entité à part entière, et donner à comprendre à tous que rien ne pourra plus se faire pour le futur de la RDC sans la Diaspora ni contre elle. Un autre groupement qui pourrait demain se retrouver Grosjean comme devant, c’est le PALU. Ses faiblesses : la retraite politique de son patriarche Gizenga, la mise à l’écart de son épouse Anne Mbuba, la mise à la touche d’Adolphe Muzito, la faiblesse du leadership de son secrétaire permanent LUGI Gizenga. Le PALU est devenu un navire sans repères visibles qui ne fait plus que s’accrocher à la jupe de la MP.

Malheur donc à ceux qui n’auront pas vu venir les choses. Ce qui se dessine maintenant, c’est la gestion de l’avenir de la RDC dans les toutes prochaines années. C’est un nouveau casting qui se prépare, lequel déterminera de la configuration future du pays. C’est autour de cela que se battent les politiciens qui ont de la suite dans les idées. Les distraits et les vagabonds politiques sans attache ne s’en prendront qu’à eux-mêmes. ‘’L’homme intelligent, dit un proverbe, c’est celui qui, quand on lui montre une montagne, voit ce qu’il y a derrière’’ !

Mantha L.

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