Meeting du 31 juillet: Comment E. Tshisekedi a neutralisé ses alliés du « Rassemblement »

Publié le par cité africaine

* G7, AR et Dynamique privés de parole

Dimanche 31 juillet dernier, au meeting du “Rassemblement” sur l’esplanade du Boulevard Triomphal, les leaders du G7, de l’Alternance pour la République”(AR) et de la “Dynamique de l’Opposition”, ont passé leur temps à avaler des couleuvres et à ruminer leur ressentiment, pendant que leur président et allié, Etienne Tshisekedi, monopolisait pour lui tout seul toute l’attention des caméras et des dizaines de milliers de partisans venus écouter le message de leur leader, de retour au pays, après un séjour médical de près de deux ans. Pourtant, ils avaient en tête d’en faire leur meeting, une occasion rêvée de faire une espèce de sortie officielle et de rampe de lancement pour la conquête de la capitale au profit de leur idole Moïse Katumbi, absent de la manifestation, mais dont le nom devait être sur toutes les lèvres de l’assistance.

Les leaders du G7 avaient dans l’idée que pour ce meeting, Etienne Tshisekedi, largement affaibli par l’âge et les ennuis de santé, devait tout au plus servir d’aimant pour attirer les foules des militants, quitte à lui laisser quelques minutes de parole pour conclure le meeting en apothéose. Le gros des discours devait être tenu par les différents leaders du G7, de l’AR et leurs collègues de la Dynamique. Mais le « Sphinx de Limete » en avait décidé autrement, leur prouvant au passage, qu’en matière de jeu politique, ils n’étaient encore que de petits joueurs, juste bons pour prester sur des terrains annexes des grands stades. Pourtant, les amis de Moïse Katumbi avaient bien fait les choses pour que ce meeting soit à la gloire de leur idole et bienfaiteur. Ils s’étaient largement impliqués dans le comité d’organisation du meeting, et avaient plus que largement contribué aux frais de son organisation (voir fac-similé ci-contre).

Pour les partisans de Moïse Katumbi, les choses ont commencé à tourner au vinaigre dans la matinée du même dimanche, quand une délégation du comité d’organisation du meeting composé des délégués du G7, de l’AR, et de la Dynamique s’est présentée au domicile d’Etienne Tshisekedi, pour finaliser les détails protocolaires sur la tenue du meeting. Dans leur projet, il était prévu la prise de parole à tour de rôle de tous les leaders du G7, de l’AR et de la Dynamique. Après avoir fait poireauter ses visiteurs pendant près de 45 minutes, le leader de l’Udps les a pratiquement éconduits, en leur faisant savoir qu’il était hors de question pour lui d’accorder un temps de parole à qui que ce soit. « C’est mon meeting », leur a-t-il fait comprendre, selon un témoin de la scène, ajoutant dans la foulée : « si les choses se passent autrement, je ne viens plus au meeting et ce sera à vous d’appeler vos plateformes à parler ».

Sur le lieu du meeting en effet, tout le monde est resté assis sur les chaises derrière le « Lider Maximo », et s’est contenté d’écouter et d’applaudir le seul orateur du jour, en dehors du président des Fonus Joseph Olengankoy, qui avait introduit le meeting. Seule concession faite aux fidèles de Moïse Katumbi, c’est l’annonce par l’orateur du jour, des partis et regroupements politiques qui se sont associés au meeting, les faisant se lever en groupe. De quoi faire regretter aux intéressés tous les moyens mis à la disposition de l’organisation.

En décalage avec la réalité

Quant au fond même du message de Tshisekedi, on peut dire que pour qui connaît l’homme, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Encore une fois, le président de l’Udps n’a pas voulu apparaître en conducteur des masses populaires, mais en suiveur fidèle des instincts de ses partisans qui le poussent à un certain populisme. Face à l’impasse politique du moment, les observateurs attendaient de lui qu’il s’inscrive dans le sens de l’histoire, en mettant de côté tous les ressentiments personnels de ses alliés, pour faire des contre-propositions utiles aux problèmes du moment, notamment ceux liés au processus électoral. A la place, on a eu droit à une sorte de déni de la réalité politique ambiante. Dans son adresse, rien que des appels à ses partisans pour qu’ils « se prennent en charge », et un « préavis » à l’actuel locataire du Palais de la nation, invité à libérer la maison au 19 décembre prochain.

Pas un mot sur le processus électoral, pas un appel à l’enrôlement des futurs électeurs, et pas la moindre proposition sur ce que devrait être selon lui, le prochain calendrier électoral. Même le fameux dialogue politique qui monopolise l’actualité politique du moment, est conditionné selon lui, à un effacement politique de l’actuel président de la République de l’espace politique national. Un discours qui doit avoir fait les délices du régime en place de par sa rhétorique parfois à la limite du populisme ou d’appel à l’insurrection. La majorité au pouvoir, pourtant largement responsable des avanies actuelles du processus électoral, aura désormais beau jeu à pointer du doigt l’opposition de Genval et son leader, comme les principaux responsables du blocage politique qui se profile à l’horizon et de ses éventuelles conséquences sur la paix et le devenir du pays.

Déjà, les ténors de la MP ne s’en étaient pas privés vendredi dernier lors de leur meeting au stade Tata Raphaël, en s’affichant en zélateurs empressés des élections et en combattants convaincus de la défense de la démocratie. Et l’attitude jusqu’auboutiste de Tshisekedi et de ses alliés politiques d’aujourd’hui ne peut que réjouir les tenants du pouvoir actuel, heureux de montrer au monde que les forces politiques qui prétendent à l’alternance, n’ont qu’invectives et pas de discours qui tienne la route.

LOLO LUASU B.

Publié dans citaf

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