Le viseur: Les vraies solutions!

Publié le par La Cité Africaine

Au 41ème jour des assises, le dialogue politique national, débuté le 1er septembre et censé ne durer que 15 jours, n’arrive pas à trouver le point de chute qui puisse donner des raisons d’une nouvelle espérance pour ce pays. Selon les quelques échos qui échappent des couloirs du dialogue, la machine coince parce qu’est venue l’heure des engagements autour des questions qui fâchent. A savoir: le sort et les pouvoirs de l’actuel chef de l’Etat au-delà du 19 décembre, la date exacte de la tenue de la présidentielle, l’assurance que l’actuel président de la République ne briguera pas un troisième mandat indu, et que donc la constitution n’aura pas à connaitre des tripatouillages dans ce sens. A l’opposition présente au dialogue, l’on laisse entendre que, sur ces questions, les négociateurs de la Majorité présidentielle souffrent du déficit du caractère plénipotentiaire de leur mandat. Les choses bloquent, à en croire un dialoguant du camp de l’UNC qui s’exprimait le weekend dernier, parce que les négociateurs de l’autre camp semblent se mouvoir avec un frein à main, n’étant pas sûrs de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin pour ne pas se mettre en porte à faux avec celui au nom de qui ils discutent. Car il s’agit de matières précises qui ne relèvent pas de simples élucubrations intellectuelles mais de choix, et d’implications personnelles que seule la personne concernée peut assumer. D’un autre côté, dans les négociations politiques, la personnalité, le poids politique pèse énormément dans la balance et peut la faire fléchir dans un sens ou dans un autre. La qualité, la validité et la portée des engagements est fonction du poids politique et de la garantie qu’offrent, pour les porter et les assumer, ceux qui sont censés les signer. Inversement donc, à la Majorité, d’aucuns se posent encore la question de savoir si, dans le camp dit de l’opposition, en face, les signataires de l’accord attendu, représentent réellement cette opposition congolaise et peuvent valablement parler en son nom et l’engager ; si ces opposants de la Cité de l’UA constituent les acteurs clés de la crise ; et dans quelle mesure ils pourraient véritablement mener à bonne fin les accords qui seraient conclus, et faire s’estomper la tension qui monte dans le pays. A chaque occasion de manifestation populaire en effet, l’on assiste à des débordements et à des expressions déchainées d’une rue insoumise, iconoclaste. D’ici à l’échéance dite fatidique du 20 décembre, l’accord de la Cité de l’UA et ses signataires seraient-ils en situation d’inverser cette atmosphère de fronde grandissante que l’on vit?

On le voit, à l’heure déterminante de la signature des accords, les concessions à se donnerde part et d’autre vont questionner sur des aspects concrets liés aux résultats et aux dividendes. On le sait, à l’heure actuelle, notre pays fait front à une situation délétère, à l’interne comme à l’international où les capitales occidentales qui comptent ainsi que plusieurs ONGDH internationales sont ostensiblement vent debout et indexent la RDC. Peu importe que ces récriminations et admonestations soient justifiées ou non. En politique, plus qu’ailleurs, la perception que l’on a des choses est souvent plus importante et plus déterminante dans les attitudes que la réalité, quand bien même elle serait contraire. D’où ces questions de realpolitik: des concessions? D’accord, mais contre quoi? Que gagne-t-on en retour? A quel point les conclusions du dialogue serviraient-elles de coupe-feu face à aux assauts de plus en plus brutaux et malfaisants du Congo-bashing ? Au sortir d’une rencontre de la MP à Kingakati autour de son autorité morale, le secrétaire général de ce regroupement a assuré dimanche que pour la Majorité Présidentielle, le dialogue doit incessamment clôturer ses travaux par ‘’un accord potable à donner au peuple’’. " Là où il y a eu des malentendus, nous allons vite lever des options pour que tout celui qui est de bonne foi puisse signer l’accord. C’est vrai qu’il y a eu quelques points de divergences entre nous et l’opposition et ils seront levés dès aujourd’hui. Au plus tard mardi, le dialogue va atterrir dans ce grand pays ", a-t-on assuré. Oui, sans doute, le dialogue du Camp Tshatshi devra-t-il s’achever, car il a atteint ses limites. Un accord sera signé par quelques délégués représentant les parties prenantes, sans doute contre l’avis de certains autres. Et certainement qu’au sortir du forum, des participants mécontents se dresseront-ils pour se dire non engagés par ces signatures. Et, cependant que le Rassemblement a d’ores et déjà appelé les Congolais à ne pas se laisser impressionner par les résolutions de ce Dialogue là et à continuer la lutte, la Majorité présidentielle pour sa part appelle à une gigantesque marche de vérité le 19 octobre pour démontrer l’appui populaire en faveur du compromis trouvé!

Alors, question: à quoi rimerait un compromis qui laisserait la société congolaise plus divisée encore et plus radicalisée qu’elle ne l’était avant le dialogue? Quel crédit accorder à un accord au-delà duquel, en définitive, la situation ne changerait pas, bien au contraire empirerait même?

Ne nous voilons pas la face. Les solutions de replâtrage ne résoudront pas la querelle. Il faut prendre le taureau par les cornes et envisager les vraies solutions qui apaisent les cœurs et les esprits. En son temps, le facilitateur Edem Kodjo, en toute lucidité, avait avoué : ‘’il ne servirait à rien de tenir un dialogue sans Etienne Tshisekedi et son UDPS’’. A combien bien plus forte raison ces propos ne le rattrapent-ils pas, maintenant que cet Etienne Tshisekedi et son parti se voient renforcés dans le cadre du Rassemblement ? De même, il est illusoire et utopique de prétendre mettre en place une transition qui placerait Joseph Kabila hors-jeu. Voilà pourquoi, des voix s’élèvent pour une rencontre entre les vrais protagonistes de la crise, Kabila et Tshisekedi. En fait, ce qu’il faut, c’est prendre en compte l’un avec l’autre. Aucune solution réelle et durable ne se fera sans l’un et l’autre, encore moins contre l’un ou l’autre.

Mantha L

Publié dans citaf

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