Nomination de Samy Badibanga: A quoi jouent E. Tshisekedi et l’Udps ?

Publié le par La Cité Africaine

L’information circulait jusque-là sous le manteau. Mais hier jeudi, une source autorisée a confié à La Cité africaine que le dimanche 13 novembre, donc la veille de son discours sur l’Etat de la nation devant le Parlement réuni en congrès, le Président Joseph Kabila avait bel et bien reçu Félix Tshisekedi, en compagnie de Samy Badibanga, nommé depuis lors au poste de Premier ministre du Gouvernement d’Union nationale. Selon la même source, au cours de cette audience, Félix Tshisekedi avait présenté au Chef de l’Etat une liste de deux noms pour le poste de Premier ministre, dont celui de Samy Badibanga. Félix Tshisekedi dit-on, avait dit qu’il avait été mandaté pour ce faire par son père.

Cette information recoupée par nos soins, éclaire d’un jour nouveau la partie de poker-menteur qui se déroule à l’heure actuelle au sein de la partie de l’opposition regroupée dans la plateforme dit du « Rassemblement ». Cela signifie que l’actuel Premier ministre a été nommé à ce poste avec le consentement plus ou moins tacite d’Etienne Tshisekedi, et que ce dernier est vraiment loin de jouer franc-jeu avec ses autres partenaires du « Rassemblement », principalement avec le G7 regroupé autour de Moïse Katumbi. Cela démontre aussi que le leader de l’Udps savait dès le départ que le meeting programmé pour le samedi 19 novembre n’aurait plus lieu, tout en laissant ses autres partenaires dans l’ignorance la plus totale de ses propres faits et gestes, au point de laisser trois des  jeunes militants de son parti se faire cravater par les services de sécurité, alors qu’ils s’attelaient à la distribution des tracts dans la ville.

Une semaine avant, le même Tshisekedi  aurait envoyé paître une délégation des évêques catholiques de la Cenco, qui lui proposait de soumettre au Chef de l’Etat une liste de trois candidats au poste de Premier ministre, mais apparemment, le leader de l’Udps se serait ensuite résolu de reprendre l’idée à son compte à l’insu des hommes en soutane et des autres partenaires de sa plateforme politique. Les faits et gestes du Président de l’Udps ces derniers temps laissent penser à un divorce irréversible entre l’Udps et ses alliés du G7. Déjà, des murmures se faisaient jour du côté de Moïse Katumbi sur un non- respect de la part de Tshisekedi, des engagements mutuels pris par les deux parties au terme du conclave de Genval en Belgique au début de l’année en cours, notamment l’engagement  qui donnait au leader de l’Udps la responsabilité d’obtenir par des pressions de la rue, l’arrêt des poursuites contre le patron du G7.

Une atmosphère de suspicion mutuelle s’était progressivement installée entre les deux camps, au point de pousser un des acteurs du G7 Olivier Kamitatu, à rendre public un sondage controversé mais largement repris par la presse internationale, donnant Moïse Katumbi gagnant à 33% aux élections présidentielles, contre seulement 18% pour Etienne Tshisekedi. Et voilà que pas plus tard que mardi de la semaine dernière, le même Kamitatu, qui fait désormais office de « Tshitshi boy » de Moïse Katumbi de Bruxelles où il s’est désormais installé, annonçait par twitter que le nouveau Premier ministre nommé par Joseph Kabila, était en fait belge de nationalité. L’intention de nuire était manifeste, mais aussitôt, la twittosphère et l’ensemble des réseaux sociaux lui, ont retourné le coup.

Des internautes vigilants lui ont notamment rétorqué sur Facebook que lui-même n’avait rien à envier au nouveau premier ministre en terme de double nationalité, que son collègue du G7 José Endundo était belge, tandis que leur patron du moment Moïse Katumbi, pouvait lui prétendre au statut de véritable citoyen du monde, avec près de quatre nationalités différentes, dont la grecque, l’italienne et la belge. Un plaisantin ajoutait même sur son compte Facebook qu’à l’allure où allaient les choses et au regard de son assiduité dans la fréquentation des cercles politiques américains à Washington et à New York, l’ancien Gouverneur du Katanga n’était pas loin de s’affubler d’une cinquième nationalité.

C’est un acteur politique congolais Vital Kamerhe, alors Président de la Chambre basse du Parlement, qui le premier, avait compris que cette histoire de nationalité cachée était une véritable bombe à retardement qu’il fallait manier avec toutes les précautions d’usage, pour éviter de faire exploser l’ensemble de la classe politique nationale. Un moratoire qui profite à tout le monde permet depuis la précédente législature à toute la classe politique de sauver la face, en attendant un éventuel amendement de la constitution actuelle, peut-être quand le débat sur ce texte fondateur sera dépassionné. Après tout, les congolais acceptent sans sourciller et applaudissent des deux mains quand leurs fils désormais belges, français ou anglais acceptent de concourir avec l’équipe nationale et contribuent à ramener des coupes au pays.

Au cours de la campagne électorale de 2006, de nombreux candidats à l’élection présidentielle avaient fait l’objet des procès en double nationalité, à commencer par le Chef de l’Etat actuel, accusé tantôt d’être rwandais, tantôt burundais, ou encore par les plus imaginatifs, tanzanien de souche. A ses côtés, des soupçons de double nationalité avaient aussi effleuré le Président du Mlc Jean-Pierre Bemba, qui fût pendant un temps accusé successivement d’être un brésilien et un portugais. Mais curieusement, un autre candidat à la course Azarias Ruberwa, était épargné par la même polémique, alors que lui au moins, présentait tous les signes extérieurs d’une nationalité suspecte. Ainsi va le Congo démocratique. Chacun accuse de rage le chien qu’il veut abattre.

LOLO LUASU B.

 

Publié dans citaf

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