La messe de nativité à Boma

Publié le par La Cité Africaine

La fête de nativité a été commémorée à Boma sous le choc des derniers événements malheureux qui ont endeuillé cette ville mardi dernier qui a fait un bilan lourd des personnes tuées et plusieurs autres grièvement blessées. L’église catholique romaine de Boma, a ouvert ses portes pour le réveillon de Noël le 24 décembre de 18 H0’ jusqu’à 22 h00’, contrairement aux années précédentes où la messe de nativité allait de 20 h00’ à 0 h0’, Tout, pour des raisons de sécurité dans cette ville en proie à des actes de banditisme jamais vécus.

Monseigneur Mbuka di Nkuanga Cyprien a donné à cette occasion un message approprié, ci-dessous reprit intégralement :

A Kangu, à Lovo et à Muanda ville, clôturant l’année sainte de la miséricorde, nous avons éteint le Cierge de l’année de la miséricorde et en même temps allumé les bougies que nous tenions en main durant le chant de l’hymne de la miséricorde à la fin de messe. Chaque paroisse à reçu une image de la miséricorde et une croix. Ces bougies, ces images et ces croix nous les avons emportées dans nos maisons et dans nos paroisses pour nous rappeler la présence du Christ miséricordieux à nos cotés et maintenir allumée dans nos cœurs la flamme de la miséricorde. Nous avions ainsi formulé le vœu de voir conserver vives les expériences heureuses et fructueuses de l’année de la miséricorde.

Noel de cette année, peu de temps après la clôture de l’année de la miséricorde, vient nous rappeler qu’être miséricordieux c’est donner aux autres une nouvelle chance de retrouver leur affection dans nos cœur. Noel nous révèle que Dieu est sans cesse miséricordieux ; sans se fatiguer, il nous ouvre largement son cœur pour y trouver le repos. « Venez à mois vous tous qui peinez, qui êtes surchargé, nous dis Jésus, et je vous donnerai le repos. » Matt. 11,28. Tel est le message que nous livre la parole de Dieu proclamée aux messes de Noel.

  1. mystère de Noel est une preuve que Dieu ne se contente pas de parler mais il agit : Il ne se contente pas de nous envoyer des délégués, mais il s’approche personnellement de nous, il se fait chair et il habite parmi nous (voir Jn 1,14) ; il ne se contente pas de se laisser toucher, mais il partage la misère de son peuple, il le soulage et le soigne. « Le Seigneur entend ceux qui l’appellent, de toutes leurs angoisses, il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. » (Ps 34 ; 18, 19) « Quoi qu’il arrive au peuple, dit encore le psalmiste, et plus encore aux heures d’extrême détresse, Dieu est présent. Le monde est son œuvre, il ne peut abandonner les produits de ses mains. » (Ps 138,8). Voila comment s’exprime le cœur miséricordieux de Dieu. Et nous, « Qu’est devons nous faire ? » (Actes 3,37). La réponse ? Nous la connaissons déjà : « miséricordieux comme le père ». (MV, n.13). C’est le programme de vie que, dans sa Bulle d’induction, le Pape François nous à confié en cette année sainte de la miséricorde qui vient de s’achever, programme qui fait échos aux paroles de Jésus lui-même : « Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux ». (Luc 6,36). Comme nous l’avons dit plus haut, avoir un cœur miséricordieux, c’est aussi pardonner ; et pardonner ; c’est donner par delà, c’est donner une nouvelle chance. Ainsi, comme le père ; Nous aussi donnons aux autres une nouvelle chance de vivre heureux.

La parole de Dieu proclamée en ce jour de Noel, nous enseigne comment être capables d’avoir un cœur qui se laisse toucher par la misère de l’autre, un cœur prompt à soulager et à soigner. L’exemple de la sainte vierge marie, de Saint Joseph et des Bergers est pour nous une grande leçon. Marie et Joseph, dans la foi et l’espérance, collaborent activement à l’intervention miséricordieuse de Dieu. Ils acceptent, dans la simplicité et l’humidité, de porter la charge de l’enfant Jésus. En accueillant dans leur foyer le miséricordieux, ils ouvrent leurs cœurs aux cris des malheureux et se rendent disponible à leurs venir en aide.

  1. Bergers, qui quittent leurs troupeaux, leur seule richesse et se hâtent d’aller découvrir ce qui vient de leur être annoncé (cf. Luc 2,20), ouvrent leurs cœurs au Dieu miséricordieux. Tout heureux ils deviennent des annonciateurs de la bonne nouvelle. Laissons la miséricorde de Dieu nous envahir et changer nos cœurs de pierre en cœur de chair. Vous maris, donnez à vos épouses une nouvelle chance ; Vous épouses, donnez à vos maris une nouvelle chance ; Vous parents donnez à vos enfants une nouvelle chance ; vous enfants, donnez à vos parents une nouvelle chance ; Vous confrères prêtres, confrères religieux, consœurs religieuses, donnez à vos frères et à vos confrères une nouvelle chance ; chacun d’entre nous, enfant, jeune et adulte, homme et femme, donnons à notre prochain une nouvelle chance ; nouvelle chance de trouver sa place dans nos cœurs, cœurs capable de se laisser toucher par la misère de l’autre, prompt à consoler, à soulager, à soigner ; à donner de l’affection.

Dans ce message de Noel, Je ne peux pas ne pas vous exprimer ma profonde tristesse et adresser mes condoléances aux familles endeuillées de suite des événements de 19 et 20 décembre 2016. Nous, vos pères spirituels des confessions Chrétiennes et de la communauté musulmane de Boma, avons adressé un message de paix, message relayé par la presse et commenté dans vos lieux de culte. Aux différents groupes qui constituent notre population, notamment les principaux protagonistes de la construction d’un environnement paisible, nous avons demandé des attitudes spécifiques. Aux jeunes, à qui appartient l’avenir de notre ville, de notre province et de notre pays, de mettre la vigueur de leur âge à la disposition de la sauvegarde et de la promotion du patrimoine à léguer à cet avenir ; Aux politiciens de ne pas sacrifier le peuple qu’ils disent vouloir servir pour quelques billets de banques ou pour des postes ministériels à se partager ; Aux policiers et militaires de sécuriser effectivement personnes et biens au lieu d’utiliser les armes à main pour terroriser, voler ou tuer indument.

A tous, fidèles croyants de nos églises et personnes de bonne volonté, d’éviter injures, calomnie, médisance, haine ; destruction méchante, pillage, vol. Nous avons ainsi parlé sans aucune intention politique, mais seulement pour l’intérêt de la population de la ville de Boma en particulier et de notre pays en général.

  1. chers frères et sœurs, à voir ce qui s’est passé dans la ville de Boma la nuit du 19 au 20 décembre, il ya à fort regretter et à se poser des questions : que des morts, des blessés, des détenus, des biens détruits, volés et brulés ; que des méchancetés, des paroles incendiaires et des actes déshonorants. Augmenter les malades à l’hôpital, remplir la prison, peupler la morgue, rendre la vie plus chère, aggraver le manque d’emploi, renforcer la méfiance des investisseurs, attiser la haine entre nous : voilà le beau cadeau de Noel 2016 et de nouvel l’an 2017 que nous donnons à la ville de Boma.

Je suis triste de constater que nous catholiques ne sommes pas suffisamment courageux pour défendre notre patrimoine. Jésus trouva les gens en train de vendre dans le temple, il les a chassés voir renversé leurs marchandises (Jn 2,13-17). Nous, que faisons nous, nous ne sommes pas gênés d’assister passivement devant l’attaque de notre église, de notre presbytère d’un couvent des sœurs ou des frères. Est-ce que nous aimons vraiment notre église ? Sommes- nous prêts à mourir pour la foi en Dieu Notre Seigneur ?

Je suis aussi triste d’entendre dire que ce sont des évêques catholiques de ce pays qui empêchent les Congolais d’être heureux, de baliser leur bel avenir ! Qui ignore la grande contribution de l’église catholique pour le bien être du Congolais, particulièrement dans le domaine de l’éducation morale et civique, de l’enseignement, de la santé, du développement ? Qui ignore à quel point les évêques au prix de leur vie, s’engagent aux cotés de leur peuple peiné, troublé, désespéré, angoissé, dans les villes comme dans les coins les plus enclavé du pays ? C’est plutôt par leur amour pour le RDC et pour le peuple congolais qu’ils ont pris le courage d’aller à la rencontre des autorités et des politiciens de ces pays pour les ramener à se parler face à face en vue d’un compromis qui puisse donner plus de garantie de paix et de prospérité pour notre pays.

Mbuka Cyprien, cicm

Ce message de Monseigneur Mbuka, évêque du diocèse de Boma au Kongo Central, a été suivi avec intérêt par tous les Chrétiens et non chrétiens de cette province, lors de la messe de noël, le 24 décembre 2016 en la paroisse cathédrale Notre-Dame de l’Assomption.

URBMNK

 

Publié dans citaf

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