Le viseur: Enfin, une limite au ridicule !

Publié le par La Cité Africaine

Il se tient donc depuis jeudi, au Centre interdiocésain, le Deuxième Dialogue politique national, puisqu'il faut bien l’appeler par son nom. Il  met, enfin, en présence les vrais protagonistes du jeu politique congolais, ceux qui sont réellement susceptibles de trouver un véritable compromis global et largement inclusif à la crise qui agite le pays, en perspective de la fin du mandat du président de la République en fonction, alors que son remplaçant n’a pas encore été élu. Les évêques ont fait démarrer les choses à la vitesse  puissance 10. En un seul jour, vendredi, il a été procédé à  la validation des mandats des délégués, à l’adoption du code de bonne conduite, à l’approbation de l’ordre du jour,  à la répartition des commissions. L’ordre du jour est précis : trouver le consensus autour de six points de divergences majeures , à savoir : (i)du concept « respect de la Constitution » ; (ii)du processus électoral (séquences des élections, calendrier électoral, financement des élections, indépendance de la CENI  et du CSAC ); (iii) du fonctionnement des institutions pendant la période de transition ; (iv)des mesures de décrispation politique ; (v)du mécanisme de suivi de l’Accord politique ; (vi)de la forme du compromis politique à trouver. Toutes ces questions seront décortiquées au sein de 3 commissions thématiques : sur la gouvernance institutionnelle, sur le processus électoral, sur la décrispation politique. Une commission spéciale aura mission de concevoir et proposer le texte final du compromis politique à trouver. Après une pause le week-end pour permettre, aux uns, de s’acquitter de leurs charges dominicales, et aux autres, de se pénétrer des documents de travail mis à disposition, les assises reprennent ce mardi. Dans l’entendement de la CENCO, ce dialogue devrait être un blitzer, censé s’achever le 15 décembre ou le 16 au plus tard. Cela est bien faisable. Le tout dépend de l’esprit dans lequel l’on se met.  Voilà pourquoi, certaines observations s’imposent. Et d’abord, il faut éviter de faire son petit malin. Si, comme disait quelqu’un, un camp croyait se suffire à lui-même et qu’il pouvait, seul, résoudre les problèmes qui se posent au pays, pourquoi aurait-on besoin de l’autre,  et des négociations ?  Dans ce dialogue du Centre interdiocésain, il faut de l’humilité aux uns et aux autres, car chaque camp est demandeur. Et c’est avec l’autre que l’on peut trouver des solutions consensuelles. S’entêter à voir les choses autrement est ridicule.

Ensuite, si l’on passe en revue les négociateurs, l’on se rend vite compte que beaucoup ont eu à gérer ensemble la transition 1+4 issue du D.I.C. L’on s’aperçoit aussi que les positionnements ne sont plus les mêmes, certains qui à l’époque étaient opposés au pouvoir, se retrouvent aujourd’hui dans son camp. Et vice-versa. L’on voit également  que certains anciens ministres de Joseph Kabila, issus des élections de 2006 ou 2007, qui assument avec lui le passif et l’actif du pouvoir, sont maintenant dans le camp de ses opposants. De même, quelques-uns qui hier encore lui menaient la vie dure au sein de l’opposition sont en train d’évoluer désormais, totalement en phase avec lui. Ceci frise le ridicule.Parce que, si l’on regarde les choses de plus près, les opposants signataires de l’accord du 18 octobre défendaient  au départ  les mêmes thèses que leurs collègues non signataires puisqu'ils étaient ensemble hier, et communiaient aux mêmes stratégies pour faire respecter la constitution et faire imposer l’alternance politique au pouvoir en place. L’on se serait attendu donc que les opposants de la Cité de l’UA ayant mené le combat jusqu’à un certain niveau pour contraindre le pouvoir en place à quelques concessions, soient aujourd’hui heureux de voir leurs amis non signataires s’y engager eux aussi,  pour qu’ensemble ils puissent obtenir au-delà de ce qui avait pu être acquis à la Cité de l’UA. Est-ce ainsi que les choses se passent ? Que non ! Les opposants signataire sont carrément oublié leurs objectifs de départ et ne s’accrochent plus qu’à défendre, aux côtés de la Majorité,  les résultats jusque-là obtenus dans le cadre de l’accord du 18 octobre, de sorte qu’ils prennent désormais leurs anciens amis comme des adversaires. Ceux-ci  à leur tour les traitent carrément de ‘’nouveaux mouvanciers’’ et leur dénient la qualité d’opposants. Tout ceci tient encore du ridicule. Certes, ce sont là les aléas de la politique à la congolaise, où les alliances et les mésalliances se font, non pas sur fond d’idéologies ou de valeurs politiques communes à mettre en œuvre, mais sur base de positionnements liés au partage du pouvoir. Mais au moins y aurait-il là un avantage,  à savoir que finalement  rien de bien irréductible n’oppose nos politiciens et qu’ils peuvent finir par s’entendre.  Cela dit,il n’est pas normal que quelques années seulement après  Sun City, soient reposés dans notre pays, et de la même manière, des débats autour de la légitimité du pouvoir, de la confiance dans les institutions du pays et leurs animateurs, de l’organisation régulière d’élections crédibles…Non, nous devons arrêter de donner au monde de la RDC cette image d’un pays incapable de forger sa destinée, de s’organiser comme un Etat respectable et en mesure de défendre son territoire, de protéger ses richesses et ses populations. Non, assez d’humiliations causées à notre peuple par la faute de nos politiciens qui sont à la base de ce spectacle grotesque et incompréhensible de dépérissement collectif, du fait de  la recherche d’intérêts immédiats, individuels, ou de chapelles, au détriment des intérêts fondamentaux de la Nation.  Il faut arrêter le ridicule. Un moment vient où il faut dire ‘’NON’’, comme disait encore l’autre.  Il  est temps pour nos politiciens de se racheter, d’offrir à notre pays les balises d’une espérance nouvelle !  Plaise à Dieu qu’il en soit ainsi au Dialogue de la CENCO !

Mantha L.

Publié dans citaf

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