Inondations du 26-27 décembre à Boma: Le gouverneur Mbadu au front pour secourir la population et ramener un peu de vie à Boma

Publié le par La Cité Africaine

Boma ville méconnaissable ! Boma ville martyre ! Boma ville sinistrée ! C’est dans la désolation la plus totale et dans les pleurs que les habitants de Boma ont passé les fêtes de fin d’année, occupés à enterrer leurs morts, à poursuivre les recherches des corps, à panser les blessures, à essayer de recréer un semblant d’existence. La nature a été extrêmement brutale. Après les événements des 19 et 20 décembre dernier qui ont mis la ville en émoi et causé des morts, c’est la nature qui s’est cette fois déchainée sans pitié sur cettebelle ville touristique. Dieu a ouvert les vannes du ciel. Une pluie torrentielle a surpris la population de la ville déjà sous le choc et, comme une calamité indescriptible, balayé les coins et recoins de Boma,  la nuit de lundi 26 au mardi 27 décembre.  Cette pluie torrentielle  a fait déborder de leurs lits les rivières Kalamu, Sindi et Mbangu, causant des dégâts incommensurables.  

Qui a déjà vu les images des ravages du tsunami peut se représenter mentalement ce que vient de vivre Boma.

Un déluge de pluie et puis une crue éclair, en pleine nuit,  ont donc  semé la mort et la désolation dans cette ville historique de près de  200.000 habitants et ses environs, en  "causant au moins 50 morts" et détruisant près de 1000 habitations. La crue, qui a duré environ deux heures, a été aussi soudaine que dévastatrice, indique-t-on.

"En moins de deux heures, les eaux sont montées jusqu'à atteindre deux mètres au-dessus du niveau normal", a détaillé le gouverneur de province du Kongo Central, Jacques Mbadu Nsitu, accouru aussitôt, dès le matin de la tragédie, à la tête d’une importante délégation provinciale, pour organiser les premiers  secours.

Quelque 31 corps avaient  déjà été enterrés dès mercredi  dernier et "une vingtaine d'autres corps" repêchés sur l'autre rive, en territoire angolais, devaient être rapatriés jeudi. Boma, deuxième ville de la province du Kongo central située à l'embouchure du fleuve Congo qui abrite l'unique port de la RDC, sur l'océan Atlantique, "est aujourd’hui entièrement  sinistrée".

Des recherches se poursuivaient pour retrouver "éventuellement d'autres corps enfouis dans la boue" qui recouvrait désormais une partie de la ville, atteignant jusqu’à un mètre de haut à certains endroits. "Au moins 1000 habitations sont détruites" et plusieurs milliers de personnes se retrouvent sans abri, a affirmé Jacques Mbadu.

 

De l’intervention du gouvernement provincial

Le gouvernement provincial et l’Assemblée provinciale du Kongo Central  ne sont pas restés indifférents à cette calamité naturelle qui a frappé la ville de Boma.  La mission spéciale diligentée par le gouverneur s’est portée sur le terrain à Boma sans retard pour des solutions appropriées.  Outre le chef de l’exécutif provincial, le gouverneur de province Jacques Mbadu Nsitu, avec à ses côtés, le président de l’Assemblée provinciale, Léonard Tsimba Nzungila, la mission comprenait également  les ministres de la Santé    et des Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction (ITPR). Cette délégation, aussitôt arrivée à Boma, a pris en main les choses, évalué la situation et mis en œuvre quelques solutions urgentes qui s’imposaient. Au cours d’une réunion de crise tenue dans la salle de la mairie de la ville , le même mardi,  en présence d’un représentant de l’Unicef et des autorités politico administratives et policières de la place,  Jacques Mbadu Nsitu a assuré la ville de Boma de tout l’appui du gouvernement provincial et transmis à la population meurtrie les encouragements venus de la part du chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, qui a instruit le gouvernement central pour les interventions à la hauteur de la tragédie. Le gouverneur ne s’est cependant pas empêché de stigmatiser l’inconscience de la population qui continue à construire le long des rivières, en dépit de l’interdiction formelle des autorités,  compte tenu du danger que ces espaces représentent.

Au terme de cette réunion, des mesures d’urgences  ont été prises : l’inhumation immédiate des corps, avec cette précision que seuls les corps dûment identifiés et disposant d’un dossier complet allaient être mis en terre afin d’éviter toute forme de réclamations plus tard. Cet exercice d’identification de chaque corps se fait en présence des membres des familles, sous l’autorité du comité de crise mis en place par le gouverneur.  Autres mesures d’urgence : l’assainissement de la ville, la désinfection des zones frappées par la calamité, et l’acheminement des sinistrés dans des familles d’accueil.

Les organisations humanitaires en place, la Croix rouge et autres services collaborent à ces opérations pilotées par le Gouvernement provincial. Le gouverneur a expliqué n'avoir pas souhaité regrouper les sinistrés dans des sites d'hébergement afin d'éviter "de créer de nouveaux problèmes". Il en appelle à la solidarité bantoue et encourage  des logements chez des proches ou dans les familles.

 

L’ampleur des dégâts dépasse les moyens de la seule Province

"Ce phénomène est cyclique et se produit à intervalle de dix ans. La dernière manifestation a eu lieu en janvier 2015 mais avec le changement climatique, il vient de se reproduire en décembre 2016", a expliqué le gouverneur.

Les graves dégâts causés par l’inondation qui a endeuillé et saccagé une partie de la ville dépasseraient totalement l’intervention qu’apporterait le gouvernement provincial du Kongo Central.

Le pont Joseph Kabila Kabange, nouvellement construit, a reçu un coup fatal des eaux sauvages  de la rivière Kalamu, occasionnant  une excavation dangereuse en dessous de son culé gauche. 

Des grands travaux devront être envisagés sur ce pont, don du président de la République à la ville de Boma,  afin d’éviter son effondrement.  L’avenue Kasa-Vubu au centre-ville a aussi connu des érosions sévères.  Certains patrimoines des dignitaires de ce pays n’ont pas été épargnés les eaux du déluge. En dehors de la destruction des centaines de logements, l’on déplore aussi l’endommagement des bureaux municipaux des services de l’Etat, des imprimés de valeur de plusieurs institutions, même financières, comme la CADECO et autres, des écoles, des centres de santé. L’eau a aussi paralysé les services du Port International de Boma, le bureau de la CENI, le Camp militaire Tabora, le quartier Km3 et tous les abords de la rivière. L’eau est devenue impropre à la consommation, dans une ville désormais sans presque sans électricité.

Il faudra sans tarder réhabiliter le Pont Sindi au Quartier Km8, dégager la chaussée encombrée  de véhicules emportés par le torrent de boue. Preuve de la violence des intempéries, un conteneur de vingt pieds appartenant à une agence maritime locale a été emporté par les eaux pour se retrouver,  de l’avenue Lumumba, au croisement des avenues Kasa-Vubu et Makhuku Khuwa, au centre-ville de Boma.En collaboration avec les organisations humanitaires et l’intervention du gouvernement de la république, il sera d’un ordre urgent de venir au secours des sans-abris.

 

Une solution technico-scientifique définitive
 

Retenons que les cours d’eau sont en leur période de crue. En cas de refoulement des eaux de  l’océan sur le fleuve, la rivière Kalamu, qui tire sa source depuis Tsumba Kituti sur la route de Matadi, non seulement se trouve en bas du niveau du fleuve, mais encore  reçoit des eaux de rivières Sindi et Lukunga. D’où ce phénomène des inondations. La situation se complique davantage du fait des  constructions anarchiques aux abords de cours d’eau, et de la mauvaise gestion des déchets, l’ensablement, a expliqué le Gouverneur de Province, Jacques Mbadu, lui-même habitant de Boma.

Mais, dans le cadre d’une solution durable au problème que suscitent les inondations cycliques à Boma et ses environs, la première mesure demeure naturellement celle, pour la population, de se garder de construire le long des cours d’eau. Mais, sur un plan scientifique, le gouverneur Jacques Mbadu , qui a souvent échangé avec des experts d’urbanisme et hydrographie sur la position de Boma, avance que devant cette situation calamiteuse qui revient tous les 5 ou 10 ans , il faudra nécessairement que les cours d’eau comme Lovo, Sindi, Lukunga et même Kalamu fassent l’objet de nouvelles déviations dans leur déversement vers le fleuve. L’on soutient qu’un tel changement de voie redirigerait les eaux vers le niveau où ils déverseraient leurs eaux depuis l’amont du fleuve. Dans cette option, le gouverneur Mbadu a affirmé travailler avec le concours d'une firme hollandaise, sur la perspective de dévier "les eaux du fleuve Congo, dont l'énorme débit pèse sur la Kalamu, afin d'éviter que ces inondations ne se reproduisent. On le sait, les Pays-Bas ont excellé dans l’apprivoisement des déchainements de  l’hydrographie pour les sites se trouvant en dessous du niveau des cours d’eau.

En tout état de cause, pour l’instant, la ville de Boma a besoin d’une assistance massive du gouvernement central, des organismes humanitaires internationaux et des hommes et femmes de bonne volonté.

CITAF

 

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