Promulgation de la loi sur les crédits provisoires L’histoire donne raison à Matata Ponyo

Publié le par La Cité Africaine

Le Président de la République a promulgué dimanche la loi portant ouverture des crédits provisoires pour l’exercice 2017, après son adoption vendredi dernier par la Commission paritaire Assemblée nationale-Sénat qui s’était réunie pour harmoniser les divergences apparues dans l’examen de ce projet de loi entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Dans cette affaire qui défraie l’actualité depuis quelques jours, on se souvient que la Chambre basse avait adopté l’octroi d’un crédit provisoire pour un mois selon la requête du Gouvernement Badibanga, alors qu’à l’étape du Sénat, il lui a été alloué des crédits provisoires pour trois mois, soit jusque fin mars 2017. Si cette option prise par le Sénat était finalement adoptée par les deux Chambres du Parlement, ce serait un coup fatal qui sera alors porté contre le programme du Gouvernement, surtout dans la réalisation de son principal objectif qui est le financement du processus électoral à travers la mise à disposition régulière des fonds en faveur de la Ceni.

Quoi qu’il en soit désormais, le Gouvernement devra se contenter jusqu’à la prochaine session de mars, de fonctionner avec des moyens budgétaires équivalant à seulement 1/12ème du budget de l’exercice 2016, dont on sait bien que la part allouée au processus électoral était largement insuffisant par rapport au financement des élections. Le plus étonnant dans cette affaire est que si on en arrive là aujourd’hui, la faute n’incombe nullement au Gouvernement, mais bien aux élus du peuple eux-mêmes. En effet, le Gouvernement alors sous la direction d’Augustin Matata Ponyo, avait bel et bien déposé le projet du budget du prochain exercice dans les délais légaux devant le Bureau de la Chambre basse. Mais pour des raisons qui lui sont propres, le Bureau de l’Assemblée nationale s’était refusé de soumettre ce projet à l’examen des députés, arguant entre autres que les élus nationaux n’avaient pas à discuter d’un projet de budget présenté par un Gouvernement sur la porte de sortie, et pour certains autres que ce budget était largement insuffisant.

Dans leur hargne à rejeter le budget concocté par l’équipe Matata, certains élus nationaux étaient allés jusqu’à prétendre qu’on devait attendre que le nouveau Gouvernement de Samy Badibanga vienne avec un budget de 10 milliards de dollars us. Aujourd’hui, à cause de cette légèreté coupable des élus nationaux, le Gouvernement en instance d’une énième restructuration, ne pourra pas sauf miracle, bien remplir sa mission principale qui est de renflouer les caisses de la Ceni, qui est de boucler le renouvellement du fichier électoral au plus tard en juillet 2017 pour espérer tenir ses délais dans l’organisation des élections, délais qui viennent encore d’être raccourcis par l’accord politique de Saint-Sylvestre à décembre 2017.

Lors de son message à la nation devant le Parlement réuni en Congrès, le Président Joseph Kabila avait assigné deux principales missions au Gouvernement à savoir, résoudre les questions socio-économique et le financement des élections. Mais à l’occasion de l’investiture de son Gouvernement, l’actuel Premier ministre Samy Badibanga y avait ajouté d’autres priorités de son cru, notamment la gratuité des accouchements pour toutes les femmes congolaises ainsi que la gratuité des soins pour tous les enfants de 0 à 5 ans. Des ambitions qui lui avaient valu une salve d’applaudissements de la part des élus nationaux, mais que tous les analystes jugent démagogiques et populistes dans le contexte socio-économique actuel du pays. Lors d’un passage la semaine dernière sur les antennes de Radio Okapi, l’éminent Professeur Bakandeja qui maîtrise son sujet, avait dit entre autres que le projet du budget présenté par le Premier ministre sortant Augustin Matata Ponyo était réaliste et responsable puisqu’il collait aux réalités actuelles du pays, et qu’intégrer maintenant une gratuité des accouchements ou des soins était du domaine de l’utopie, dans un pays où les rémunérations et le fonctionnement des institutions absorbent déjà près de 70% du budget national.

L’année dernière déjà, l’ancien Premier ministre Matata avait réduit de 30% le train de vie de l’Etat en dépit de fortes protestations des institutions concernées, notamment du Bureau de l’assemblée nationale qui y voyait presque un crime de lèse-majesté. En fait selon des spécialistes, c’est à une réduction du train de vie de 50% qu’il fallait recourir pour arriver à dégager suffisamment des ressources additionnelles pour le financement du processus électoral. Avec de tels chiffres, c’est dès le début de 2017 qu’il fallait doter le pays d’un budget réaliste qui devrait passer par la suppression de certains postes budgétaires non prioritaires, pour essayer de sauver le processus électoral, plutôt que comme l’avaient prétendu les députés, attendre du nouveau Premier ministre un budget de 10 milliards us, qui à ce jour relève encore du rêve éveillé, même de la part d’un Premier ministre qui sort des rangs du « Rassemblement ». Nos élus nationaux auraient ainsi été mieux avisés en examinant le « maigre » budget de Matata Ponyo, quitte à tenter de l’améliorer, plutôt de verser dans un populisme inutile, pour la simple raison de vengeance contre un homme qui ne faisait que son devoir d’homme d’Etat.

LOLO LUASU B.

 

Publié dans citaf

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