Le viseur: La MONUSCO interpellée !

Publié le par La cité Africaine

La famille kabiliste vient de marquer un pas important dans l’agrégation des forces politiques et sociales devant la conduire à la conservation du pouvoir au travers des scrutins prévus en décembre prochain. Différents regroupements politiques et de la société civile ainsi que des personnalités politiques en vue viennent en effet de signer la charte constitutive du Front commun pour le Congo, une coalition politique et électorale qui entend, « sur la base d’un programme commun œuvrer à la conquête démocratique du pouvoir à tous les niveaux ».

Outre la Majorité présidentielle, le FCC tisse sa toile en intégrant le Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement, RASSOP / Kasa Vubu, l’Opposition signataire de l’accord du 18 octobre 2016 de la Cité de l’Union Africaine, l’Opposition labellisé ‘’Républicains indépendants’’ avec le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo, ainsi qu’une certaine Société civile se reconnaissant derrière la ministre Maguy Kiala.

Il s’agit en fait d’une plateforme initiée par le président Kabila et réunissant les tenants du pouvoir qui veulent le conserver, estimant que rien ne s’oppose à ce qu’ils continuent à diriger ensemble ce pays comme ils ont déjà appris à le faire.

 « Les fondateurs et autres signataires de la charte du FCC s’engagent à soutenir une candidature unique à l’élection présidentielle et à disposer de la majorité la plus stable et la plus large possible pour gouverner », indique en substance le texte de la charte.

Précision : «  Chaque membre de la coalition garde son identité et son autonomie tout en restant soumis à la discipline du groupe ». De fait, s’ils ont un candidat unique pour la présidentielle, ces regroupements seront en réalité des rivaux qui vont s’écharper entre eux le moment venu pour se disputer le gain des sièges  tant aux législatives qu’aux provinciales. Personne ne travaillera pour un autre. Ce sera du chacun pour soi. Quitte à se retrouver après les joutes électorales pour faire le compte des suffrages devant déterminer le poids de chacun , ce qu’il peut apporter, et donc recevoir, dans le cadre de la nouvelle configuration de la majorité qui sera issue des élections.

En fait, ce que vient de réaliser le camp kabiliste, les opposants aussi rêvent de l’obtenir. Tous les ténors de l’opposition, de Jean Pierre Bemba à Moïse Katumbi, en passant par Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, Mbusa Nyamwisi… jurent de travailler pour une union sacrée en vue d’un candidat unique sinon commun pour la prochaine présidentielle. Mais si tout semble aller pour le mieux dans le camp au pouvoir, côté opposition, l’on continue à dénoncer des entraves qui jonchent le processus électoral, battant en brèche les principes de l’équité, de l’inclusivité et de l’égalité des chances devant caractériser les  compétitions électorales.  Cette semaine même, à la session du Conseil des Droits humains de l’ONU à Genève, le Haut-commissaire  aux Droits humains s’est inquiété de carences dans la décrispation politique en RDC. Mais encore, une cinquantaine de sénateurs et députés nationaux viennent d’adresser une lettre ouverte au chef de l’Etat pour dénoncer « l’acharnement judiciaire » qui contraint à l’exil leur champion, pourtant un candidat majeur à la prochaine présidentielle. Voilà pourquoi, la CENCO, dans son dernier message pastoral ‘’sauvons le processus électoral’’, réitère son appel en vue de l’application intégrale de l’accord de la Saint Sylvestre qui balise le chemin vers les élections et où notamment ce type de question a déjà trouvé réponse. En fait c’est à juste titre que les évêques de la CENCO, facilitateurs et parrains de cet accord,  continuent de s’évertuer à en assurer le service après-vente. Au demeurant, par sa résolution 2348 endossant l’accord de la Saint Sylvestre, la Communauté des Nations a demandé à la CENCO de poursuivre sa mission en ce sens. Mais, il y a aussi un autre acteur, à savoir la MONUSCO, qui a reçu mandat des Nations Unies d’assurer les bons offices pour que l’accord et le processus électoral soient conduits à bonne fin. Certes, l’on peut témoigner des prises de position régulières et constantes de la MONUSCO invitant les acteurs politiques congolais à s’investir dans l’application de cet accord considéré comme la seule feuille de route fiable pour mener à la sortie de crise par la voie des urnes. Certes, l’on sait gré à la MONUSCO de rappeler à chaque fois à ses interlocuteurs ‘’la nécessité de la mise en œuvre intégrale et de bonne foi des mesures de décrispation prévues dans l’Accord du 31 décembre 2016 et du respect des droits de l’homme pour tous, tels que garantis par la Constitution, notamment les libertés d’opinion, d’expression, de manifestation pacifique, de réunion et d’association’’. Mais l’action de la MONUSCO, en la matière, ne doit pas se cantonner à la simple prédication, à l’instar des bons pasteurs. Sans doute que la MONUSCO est, elle-même, mal à l’aise, tel un enfant qui s’est fait taper sur les doigts,  car mise sous pression par le pouvoir qui réclame son départ. Mais elle ne sera d’aucune efficacité si elle ne sort pas de cette attitude timorée, voire complexée, qui la maintient dans une sorte de service minimum face aux contestations et autres  controverses qui menacent le processus électoral et l’application de bonne foi et de manière intégrale de l’accord du 31 décembre 2016. La théorie diplomatique internationale assigne au porteur de bons offices un rôle d’intermédiaire afin d’amener les parties qui s’opposent à se rencontrer  et à dialoguer. Il doit faciliter cette rencontre, élément indispensable pour les parties en désaccord dans le but de régler les différends. En cette période où les parties ne parlent pas le même langage sur la décrispation politique, la machine à voter, le fichier électoral, où est donc la MONUSCO ? Que fait-elle ? On aimerait  la voir , dans son rôle de bons offices, prendre une initiative réelle et palpable pour rapprocher les points de vue des uns et des autres, rétablir la confiance entre les acteurs, les aider à dépasser leurs contradictions  pour aboutir à un consensus politique et électoral pouvant garantir des élections crédibles , démocratiques et apaisées. Sans quoi, déjà controversée sur son efficacité militaire, la MONUSCO risque encore de perdre son poids diplomatique et politique

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