Nouveau séjour d’Edem Kodjo à Kinshasa: Le dialogue politique en panne

Publié le par cité africaine

Le dialogue politique inclusif serait-il un mort-né? En tout cas, la liste de ceux qui croient encore à la tenue d’un tel forum dans les semaines qui viennent ne fait que s’amenuiser au jour le jour. Même le peu d’espoir soulevé après le dernier passage à Kinshasa du Secrétaire Général de l’Onu semble avoir fondu comme neige au soleil, à en croire les récentes prises de position de différents protagonistes de la scène politique congolaises, qui donnent de plus en plus l’impression de ne plus faire cas des recommandations de la communauté internationale. Comme à son habitude depuis le début de la crise, c’est par voie d’une lettre signée par son président Etienne Tshisekedi depuis Bruxelles que l’Udps a réitéré son refus de participer à un dialogue convoqué par le Président Joseph Kabila et rejeté toute médiation de l’Union Africaine, s’en tenant toujours à la nomination d’un médiateur par le SG de l’Onu.

Réunie à Lubumbashi le week-end dernier, une autre faction de l’opposition le G7, a une nouvelle fois écarté toute idée d’un dialogue politique avec le pouvoir en place, et a réaffirmé sa foi dans la tenue des élections dans les délais constitutionnels, appelant au passage à une restructuration de la Ceni qui, selon elle, serait inféodé au pouvoir dans sa configuration actuelle. Les observateurs de la politique congolaise connaissent déjà à fond tout le mal que pense de ce dialogue les leaders de la Dynamique de l’opposition, une autre branche de l’opposition radicale. Le Président Joseph Kabila, sous forte pression internationale qui ne lui fait aucun cadeau, misait beaucoup sur ce forum pour baliser la voie pour un processus électoral apaisé. Il avait beaucoup misé sur l’Udps pour amener toute l’opposition autour de la table de discussion, mais cette formation politique s’est avérée finalement comme un partenaire insaisissable.

Aujourd’hui, à quelques mois de la fin de la législature, la crise politique est à son paroxysme et le pays plonge petit à petit dans l’incertitude. Même la communauté internationale souvent prompte à donner des leçons, semble avoir perdu son latin. Dans les deux camps politiques, on donne l’impression de jouer au pourrissement, avec l’espoir que l’adversaire va craquer en premier. Dans un pays encore fragile après de longues années de guerres dévastatrices, la situation actuelle fait peur et est susceptibles de réveiller des démons tout juste enfouis.

Kabila devant ses responsabilités

Dans tout ce qui se passe en ce moment, on peut dire que les opposants sont dans leur posture et on ne saurait les en blâmer. C’est plutôt au Président Joseph Kabila et à sa famille politique qui ont en charge la bonne marche du pays de garder l’initiative et de faire en sorte que la nation sorte de cette passe difficile, quitte à proposer si nécessaire d’autres alternatives au dialogue politique, puisqu’une partie de l’opinion nationale n’en veut pas. Certes, le Président de la République pourrait se résoudre à convoquer un dialogue partiel avec ceux qui acceptent de discuter avec lui, quitte à imposer les résolutions qui en sortiront à l’ensemble de la classe politique, mais l’expérience du passé renseigne que ce genre de solution à l’arraché ont rarement débouché sur quelque chose de durable.

Il peut aussi décider d’attendre le temps nécessaire pour que les opposants à ce forum reviennent à des bons sentiments, mais le problème là aussi est que le temps commence à manquer cruellement à tout le monde, au regard des échéances qui se rapprochent à grande vitesse. Laisser les choses en l’état, pourrait aussi apparaître comme une option, mais une option à très haut risque compte tenu de l’atmosphère délétère du moment, car si les choses dérapaient, c’est le Président de la République seul, et dans une moindre mesure, à la majorité qui l’accompagne, qui sera tenu comptable de la situation.

Au moment où s’annonce un nouveau passage pour ce vendredi à Kinshasa du médiateur de l’UA Edem Kodjo, pour, dit-on, un round de dernière chance, tous les regards sont tournés vers le Chef de l’Etat, garant de la nation, pour sortir le pays de l’ornière.

LOLO LUASU B.

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