Le viseur: UDPS, le chat échaudé !

Publié le par cité africaine

Premier raté pour Edem Kodjo. Il avait annoncé la publication du Comité préparatoire du Dialogue pour fin de semaine dernière, mais l’on n’a rien vu venir. Première leçon donc pour ce pourtant chevronné diplomate : il faut se garder d’un excès d’optimisme ; il faut éviter de perdre la face à la suite d’annonces péremptoires ; dans cette chausse-trappes qu’est le chemin du dialogue, nul ne peut prévoir ce qui va se passer, chaque camp ayant son agenda. Forcément il y aura des imprévus et des surprises. Dont acte !

Il se fait donc que le facilitateur n’a pas été en mesure de publier la composition du Comité préparatoire. La raison en est, entre autres, qu’il y a des tiraillements autour des quotas et de la constitution des listes des délégués des parties prenantes au Dialogue.

On le sait, c’est de la configuration du Comité préparatoire que se dégagera l’allure générale du dialogue, à partir de l’état des rapports de force qu’il engendrera. Voilà pourquoi les différents Camps s’évertuent pour que ce Comité préparatoire, censé donner le la ainsi que le tempo du Dialogue, ne se fasse sans eux, ni donc contre eux.

Côté Majorité présidentielle, à priori, l’on a pu gérer les ambitions des uns et des autres. Depuis vendredi, la MP a introduit sa liste de délégués au Comité préparatoire. Au, niveau de la Société civile, en raison de sa diversité, les choses ne sont pas simples. L’on est buté à la difficulté du petit quota de représentants à désigner face à la foultitude de tendances et spécificités constituant la Société civile : confessions religieuses, associations professionnelles, mouvements associatifs divers, syndicats, ONG des droits humains, ONG de développement, ONG d’appui électoral…. Sur une base de 12 délégués préconisés par l’organisation, quel quota accorder à ces entités, et suivant quelle répartition, sachant que certaines sont plus importantes et plus représentatives que d’autres?

Au niveau de l’Opposition, réputée plurielle, c’est aussi la foire d’empoigne. Comment répartir un quota de 12 sièges entre l’UDPS, l’opposition républicaine de Kengo, l’opposition citoyenne de Bitakwira, l’opposition nationaliste de Bonane Mushi, l’opposition dite scientifique, la Nouvelle force politique et sociale de Stève Mbikayi, le Groupe à Ruberwa, le groupe à Z’Ahidi Ngoma, à Thomas Luhaka, à Clément Kanku, à Ne Mwanda Nsemi…. ?

Pour sa part, l’UDPS a une solution toute faite. Par sa feuille de route publiée le 14 avril 2015, Etienne Tshisekedi prône ‘’un dialogue politique transparent et associant les parties prenantes congolaises’’. Mais, pour l’UDPS, les parties prenantes, ce n’est pas le tout venant! Par parties prenantes, il faut entendre: d’un côté, le camp du président Kabila, à savoir, la Majorité Présidentielle et Alliés, et d’un autre côté, le camp du président Etienne Tshisekedi, regroupant l’UDPS et ses Alliés de forces politiques et sociales du changement démocratique.

Dans l’entendement de l’UDPS, c’est d’une part, Joseph Kabila, président de la République exerçant l’imperium, et d’autre part, Etienne Tshisekedi, président de la République légitime autoproclamé, élu en 2011, qui sont les protagonistes du Dialogue. Et les faits sont là pour attester que tant que Tshisekedi n’avait pas formellement accepté d’y participer, le Dialogue était dans l’impasse. A partir de là, l’UDPS se croit fondée à revendiquer le statut du ‘’faiseur de pluies’’. On ne mène pas un combat jusqu’au bout pour laisser d’autres gérer votre victoire après. En fait, le comportement d’Etienne Tshisekedi est à analyser à la lumière des expériences amères qu’il a vécues dans le passé. Durant la 2ème République, on a vu le label Tshisekedi servir de blanchisserie à d’anciens zélés du mobutisme, auxquels il a permis de s’acheter une nouvelle virginité en leur accordant de s’aligner derrière lui. Pour autant, à plusieurs reprises Tshisekedi s’est fait damer le pion : avec Mulumba Lukoji, avec Mungul Diaka, avec Nguz-a-Karl-i-Bond, avec Faustin Birindwa, avec Kengo wa Dondo. Tous des gens qui, jouant le jeu du maréchal, avaient pu se faire nommer Premier ministre par défaut, à la place d’Etienne, ‘’ l’ayant-droit’’, le chouchou du peuple.

Après le Dialogue Inter Congolais de Sun City, pour le compte de l’opposition politique, c’est curieusement un opposant de service qui sera désigné comme l’un des quatre vice-présidents de la République, dans le schéma 1+4, en lieu et place de l’opposant historique, coiffé au poteau sur la ligne d’arrivée.

Ayant apparemment cette fois compris la leçon, Etienne Tshisekedi voudrait sans doute que les choses soient claires cette fois. Qu’à l’instar de la Majorité présidentielle, l’opposition se présente aussi en clarté de positionnement. Que les rangs de l’opposition ne soient plus parasités par des gens qui se disent opposants alors qu’ils sont au gouvernement, ou par des soi-disant opposants qui sont en totale convergence de vues avec les thèses du pouvoir en place. L’UDPS ne veut pas davantage que les travées du Dialogue soient encombrées par une soi-disant composante ‘’ Société civile’’ qui en réalité est totalement inféodée soit du côté du pouvoir soit du côté de l’opposition. L’UDPS veut qu’au Dialogue politique national inclusif qui va s’ouvrir, l’on sache à l’avance et sans ambiguïtés qui est qui ?

Comment le facilitateur va-t-il surmonter la méfiance prudente ainsi affichée par Etienne et son UDPS ? Chat échaudé craint l’eau froide !

Mantha L.

Publié dans citaf

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